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STILL LIFE

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Ce que je sais de ces séries qui prolifèrent: ce sont des galeries de portraits. Ce que je ne sais pas de manière sûre : des portraits de qui ? Ou de quoi ? Quelques-uns sont manifestement des émanations de la littérature, de la légende, de la mythologie. Où les ai-je vus ? Partout où une certaine lumière que je reconnais tombe sur certains objets qui se transforment sous cet éclairage, car s'il n'est pas garanti que les objets aient une âme qui leur soit propre, on peut estimer qu'ils ont au moins la nôtre, si par hasard nous en sommes pourvus.

 

La plupart du temps, ces personnages sont des je-ne-sais-quoi, des quelques-chose, des "monstres incompréhensibles", comme disait Blaise Pascal, penché sur ses semblables et sur lui-même. Figures déraisonnables, chimériques, hantises, grotesques... La routine quand on a beaucoup pratiqué Jérôme Bosch lorsqu’on était jeune, côtoyé Füssli, approché Goya, accompagné William Blake, talonné Odilon Redon, poursuivi Francis Bacon, et que par ailleurs on est agrégé – et étranger – à un soi-même indéchiffrable, parce qu’il n’existe pas et parce que ce qu’on a, à la place, c’est le mirage d’une identité, des ombres tout en brisures, en reflets opaques, une tache aveugle. Menace, angoisse et grotesque, je suppose que ces images sont une sorte de reportage intérieur, la matérialisation d’un état projeté sur des sujets extérieurs parce qu’on n’a pas encore inventé la machine à enregistrer le sabbat des cerveaux. On n’a trouvé que le moyen d’en sortir en donnant à cette sarabande une forme particulière, artistique par exemple, sans toujours bien comprendre comment, autant par ce qu’on sait faire que par ce qu’on ne sait pas faire. Ce sont des suppositions, des restrictions, des incertitudes, des carences qui ne font pas de mal à un photographe. Je ne vois pas l’intérêt d’un art – d’une conversion esthétique des obsessions et des tourments – qui ne serait pas, à un degré ou à un autre, autonome, accidentel, monstrueux et, dans les limites du raisonnable, incompréhensible. L’énigme est assez souvent une meilleure explication que n’importe quelle explication.

 

« Vous ne devez pas désirer que les choses qui se font se fassent comme vous le voulez, mais vous devez vouloir qu’elles se fassent comme elles se font. »

 

C’est dans Pascal, ça aussi.

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Still Life 3

Le roi des marais

Still Life 5

Mort au front II

Still Life 2

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Still Life 4

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Still Life 1

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